Valérie Falque a cessé son activité, mais n’a pas voulu goûter un repos bien mérité : très active dans le domaine associatif depuis des années, passionnée des plantes et du végétal, elle propose depuis 3 ans aux touristes et aux nouveaux arrivants de Marseille des animations et des sorties botaniques très documentées. C’est son envie constante d’approfondir ses connaissances qui l’a menée à l’IFH : elle a terminé la formation en 2022, et pour elle, cela a été une révélation.
Bonjour Valérie, dans quelle région vivez-vous ?
J’habite la région de Marseille, à Marseille précisément.
Quelle formation avez-vous suivie initialement, et quelle était votre activité professionnelle ?
J’ai suivi une formation en chimie analytique quand j’étais étudiante. J’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans le domaine des plantes à parfum pour les industries de Grasse. Ensuite, j’ai fait une reconversion professionnelle et pendant une trentaine d’années, j’ai occupé un poste de cadre administratif à la Chambre de commerce.
Est ce qu’il y a un déclic qui vous a décidé à commencer une formation sur les plantes, est ce que c’est lié à votre pratique de la photographie naturaliste ?
Oui, c’est essentiellement lié à ma pratique de la photo naturaliste mais aussi à mon engagement dans plusieurs associations naturalistes. J’avais envie d’avoir un objectif pour ma période de retraite, je ne voulais pas rester inactive lorsque je serai en cessation d’activité professionnelle.
Et une envie de militer aussi pour la cause environnementale ?
C’est vrai que je suis assez engagée dans diverses associations naturalistes, et je militais depuis un certain temps déjà. Mais je voulais compléter ma sensibilité naturaliste par des connaissances vraiment précises, plus complètes que celles que j’avais, qui étaient juste une reconnaissance de certaines plantes, de certains végétaux.
Cette reconnaissance des plantes, c’était possible grâce à votre formation initiale, ou est-ce que vous étiez aussi autodidacte ?
La formation initiale était uniquement en chimie. La plante c’était juste, comment dire, l’ingrédient. Donc je n’avais pas de connaissances particulières à ce moment-là. Mais lors de mes sorties de photographe dans la nature, les plantes étaient très souvent le sujet principal de mes photos et si je me renseignais sur leur nom, je savais moins ce qu’elles pouvaient apporter, et surtout ce qu’elles pouvaient représenter en tant qu’organismes vivants. J’ai vraiment été attirée par le fait d’approfondir ces connaissances, de vraiment creuser le sujet de la botanique.
Cet engagement dans les associations, il est ancien chez vous ?
Oui, cela fait plus de 20 ans que je suis dans des associations naturelles, avec des postes dans les conseils d’administration.
Vous aviez du temps pendant votre activité professionnelle pour ces activités ?
Oui et non, car le temps, il faut le prendre, il faut le trouver, et souvent c’est compliqué. C’est sûr que quand on arrête de travailler, cela devient beaucoup plus facile et c’est ce qui m’a permis de m’engager encore un peu plus, puisque aujourd’hui je suis membre du conseil d’administration de l’ARH, et cela m’a permis bien sûr aussi de faire cette formation qui m’a beaucoup apporté, qui a beaucoup complété mes connaissances.
Pourquoi avoir choisi l’ARH-IFH plutôt qu’une autre formation ?
J’ai choisi l’ARH-IFH, d’abord pour sa proximité de Marseille, je voulais rester proche de mon domicile pour les regroupements. Et peut-être aussi pour les plantes que j’allais pouvoir observer en Ardèche, qui se rapprochent de celles que je peux voir dans mon environnement naturel dans les Bouches-du-Rhône.
Et ensuite, pour le sérieux de la formation, pour le programme, pour tout le contenu qui correspondait vraiment à ce que je recherchais, c’est-à-dire quelque chose de sérieux, avec une base scientifique.
Est-ce que le côté militant de l’ARH, est quelque chose qui vous a intéressé également ?
À l’époque, je voyais l’ARH-IFH plus comme un organisme de formation, qu’une association militante, et c’est ensuite, en apprenant à connaître l’association, que j’ai découvert son engagement pour les plantes et pour les métiers liés à l’herboristerie.
Avez-vous rencontré des difficultés pendant l’apprentissage ?
Je ne sais pas si j’ai réellement rencontré des difficultés, mais c’est une formation très exigeante ! En tout cas cela m’a demandé un investissement personnel assez important. Encore une fois j’avais du temps, donc c’était relativement facile pour moi, nous étions en période de confinement, donc on avait peut-être encore plus de temps que d’habitude. D’ailleurs cela m’a sûrement aidé à mieux me centrer sur cette formation. Mais la partie scientifique n’était pas la plus facile. Heureusement que j’avais bénéficié d’un enseignement universitaire en sciences, qui m’a beaucoup aidé pendant ces 2 années d’études à l’ARH-IFH !
Diriez-vous justement qu’avoir un bagage scientifique en commencant la formation serait recommandé ?
C’est un « plus », indiscutablement, cela permet d’avancer plus vite dans la formation. Bien comprendre comment les plantes fonctionnent, c’est quand même un avantage certain.
Est-ce que les connaissances acquises à l’ARH-IFH vous sont utiles aujourd’hui ?
Je n’ai pas fait la formation pour me reconvertir et pour avoir un nouveau métier, je l’ai faite pour m’enrichir, à titre personnel, dans un premier temps. Dans un deuxième temps je voulais transmettre le savoir que j’avais appris à un public le plus large possible, dans un cadre associatif. Donc mon objectif était la transmission de savoirs, pas de m’installer en herboristerie de comptoir ou de proposer des soins, ou encore de devenir productrice de plantes. J’avais vraiment un projet personnel de transmission de savoirs, un projet qui n’est pas lucratif, et dont je ne vis pas aujourd’hui, mais qui est extrêmement riche en termes de rencontres, d’échanges et de satisfactions.
Transmettre un savoir traditionnel et scientifique sur les végétaux et sur les plantes était mon but.
Pouvez-vous présenter votre activité aujourd’hui, vos sorties botaniques ?
Aujourd’hui j’organise des sorties botaniques pour différents organismes et associations, comme par exemple l’université du temps libre de Marseille. Je fais des sorties botaniques régulièrement sur le campus de la Faculté des sciences de Luminy pour le personnel de la Faculté des sciences. J’interviens aussi dans deux ou trois associations naturalistes à titre bénévole, pour lesquelles j’organise des sorties à destination du grand public. Et je fais quelques sorties, payantes cette fois-ci, pour des associations de découverte de Marseille : je fais découvrir le patrimoine architectural et naturel aux nouveaux arrivants. Ce patrimoine naturel à Marseille est énorme, car on a la chance d’habiter tout à côté d’un parc national, avec une biodiversité incroyable. Donc il y a beaucoup, beaucoup à faire découvrir dans cet environnement naturel.
C’est une grande satisfaction pour moi, même avec des notions simples, d’arriver à redonner envie d’en savoir plus sur les plantes, et à reconnecter le public avec le monde végétal qui l’entoure.
Et concrètement sur le terrain, que vous a apporté la formation ?
Cela m’a apporté des connaissances, bien évidemment, et cela a complété toute ma connaissance en identification des plantes. Je connaissais déjà certaines plantes, mais il y en a quand même beaucoup qui m’étaient inconnues ! Maintenant je sais les identifier et je sais les reconnaître. La formation m’a apporté aussi des techniques d’animation et de transmission de ce savoir, parce que j’ai complété la formation par un stage d’animation, également à l’ARH-IFH.
En fait, je m’aperçois lors de mes animations que le public a perdu beaucoup de connaissances par rapport au monde végétal et c’est une grande satisfaction pour moi, même avec des notions simples, d’arriver à redonner envie d’en savoir plus sur les plantes, et à reconnecter le public avec le monde végétal qui l’entoure.
Est-ce que l’on peut parler maintenant de légitimité, qui n’était peut-être pas présente avant la formation ?
Tout à fait. J’ai acquis un statut professionnel et je me semble bien légitime pour transmettre ce savoir.
Comment préparez-vous vos sorties botaniques ?
C’est un gros travail de préparation. Le tout premier point est l’identification du lieu : il faut trouver un lieu qui soit agréable, un lieu pour lequel le public ait envie de se déplacer. Cela ne manque pas dans les environs de Marseille et même dans Marseille intra muros ! Ensuite il faut faire un travail de reconnaissance, cibler quelques plantes à présenter et à faire découvrir au public. Enfin, s’agissant de ces plantes, il faut creuser, aller chercher des informations nouvelles, les usages traditionnels, les usages oubliés, des petites histoires : les gens raffolent des anecdotes au sujet des plantes. C’est un gros travail de recherche et de sourcing, parce que j’essaie de ne prendre que les sources les plus sérieuses, et cela m’oblige à beaucoup fréquenter les bibliothèques pour faire ces recherches.
Un subtil équilibre entre une rigueur scientifique et peut-être quand même un peu de légèreté dans les sujets ?
Tout à fait. De toute façon, en animation sur le terrain, il faut être à la fois léger, sérieux et rigoureux. Le public s’aperçoit très vite lorsque l’on n’est pas à l’aise avec son sujet. Donc il faut déjà maîtriser énormément le sujet et cela, la formation m’a permis de le faire. Ensuite on doit faire passer ces connaissances d’une façon la plus agréable et légère possible pour le public que l’on a en face de soi.
Le stage d’animation à l’ARH-IFH a été déterminant je suppose ?
Ce stage m’a beaucoup servi pour ces techniques d’animation. Je connaissais déjà quelques techniques parce que j’avais animé plusieurs sessions de formation à titre professionnel dans mon ancienne vie. Mais là, le sujet est quand même bien différent, et il faut vraiment trouver cet équilibre entre rigueur scientifique, connaissances et transmission de la façon la plus sympathique possible.
Quel est le ressenti du public lors de vos sorties botaniques ?
C’est difficile pour moi d’en parler, pour l’instant j’ai de très bons retours, les gens sont très contents, et moi aussi ! Parce que si les gens sont satisfaits, j’y trouve également une très grande satisfaction, cela est très valorisant de transmettre ce savoir, c’est vraiment très important pour moi.
Je vois maintenant que j’ai accompli un sacré chemin depuis 2-3 ans, depuis que j’ai commencé à faire ces sorties, et je me dis que j’ai déjà vu plusieurs centaines de personnes, à qui j’ai essayé de transmettre cet amour du monde vivant et ce respect du monde qui nous entoure. J’avoue que c’est une grande fierté pour moi, à ma toute petite échelle, de participer au respect de l’environnement, au respect du monde végétal, au respect de la ressource, et à la connaissance de ces plantes.
Avez-vous vu le regard du public évoluer depuis le début de vos animations ?
Oui, oui. Les gens sont conscients qu’il se passe quelque chose, ils en sont conscients, ils savent que l’on est en perte de biodiversité, qu’il y a un changement climatique qui altère le monde végétal, tout cela ils le voient même à leur échelle de personnes un peu novices dans le domaine. Je trouve aussi qu’il y a un grand respect de la ressource naturelle, je n’ai jamais eu personne en sentier botanique qui souhaitait cueillir, même des plantes que je leur disais comestibles. Ce n’était pas leur souhait de les ramasser, ils voulaient les laisser là. Les gens sont plutôt respectueux de l’environnement dans lequel ils sont.
Je pense que quelqu’un aujourd’hui qui veut vivre de ce métier doit se diversifier.
Voyez-vous un potentiel d’activité et d’emplois autour des plantes ?
Il y a des opportunités, mais dans la diversification des activités. Je pense que quelqu’un aujourd’hui qui veut vivre de ce métier doit se diversifier. Peut-être faire de la production et des visites sur le lieu de production, de la vente et des sorties botaniques, mais vivre d’une seule activité aujourd’hui, cela me paraît difficile. Mais encore une fois, je ne connais pas bien le contexte, parce que ce n’est pas mon projet et je ne fréquente pas beaucoup de personnes qui font cette activité sur Marseille. C’est une grande ville, mais on ne doit être que deux ou trois à faire des sorties botaniques. Je n’ai pas beaucoup de recul pour parler de cela, mais la diversification des activités me semble importante.
À la lumière de votre expérience à l’ARH-IFH, et par rapport à vos activités actuelles autour des plantes, encourageriez-vous une personne en fin d’activité professionnelle à s’engager dans la formation ARH-IFH ?
Si c’est quelqu’un qui a le même projet que moi, c’est-à-dire de ne pas en faire sa source de revenus, bien sûr, mais si la personne veut vivre de cela, je pense qu’il faut envisager un projet plus global. De mon point de vue, les sorties botaniques ne peuvent être qu’un complément de revenus aujourd’hui. Il est aussi possible de s’investir dans le milieu associatif, ou alors se diriger vers un tout autre métier : accompagnateur nature, ou accompagnateur de moyenne montagne ou guide naturaliste, donc d’autres formations qui viendraient se rajouter à celle de l’ARH-IFH : peut être une piste pour des gens qui veulent faire des sorties botaniques, et toucher quand même des revenus.
Auriez-vous quelque chose à ajouter ?
J’aimerais dire que pour moi, la formation ARH-IFH a vraiment été une révélation, et je l’ai faite un peu tardivement ! Si j’avais fait cette formation il y a dix ou vingt ans, ma vie aurait sans doute été tout à fait différente…
Mais la vie est ainsi, j’ai déjà eu cette grande chance de pouvoir me lancer dans cette aventure aujourd’hui, et pouvoir prendre du plaisir avec le public, simplement en parlant des plantes est pour moi une chance énorme !
Merci beaucoup Valérie.
Valérie Falque
Animations et sorties botaniques à Marseille et ses alentours.
































