Nathalie Ruiz-Sialve,
« Azur Montagne »

Nathalie Ruiz-Sialve est accompagnatrice en montagne, naturopathe et formatrice à l’IFH. Passionnée par les plantes et leurs usages, elle transmet ses savoirs avec conviction et organise des sorties botaniques dans le Briançonnais où elle exerce ses activités.
Tour du mont blanc 2018

ARH : Bonjour Nathalie, comment vous êtes-vous vous orientée vers les plantes ?

Nathalie Ruiz-Sialve : J’habite les Hautes-Alpes, je suis accompagnatrice en montagne, et j’ai travaillé pendant 20 ans autour du végétal, par le biais de mon métier : dans toutes les randonnées que je fais avec les clients, on parle de botanique, on parle de plantes, on parle de la faune ou de la géologie. Petit à petit, dans le cadre de mes sorties accompagnées je me suis intéressée aux usages des plantes, thérapeutiques ou alimentaires. J’ai fait un gros travail en autodidacte pour acquérir des connaissances suffisantes liées au milieu naturel, en travaillant sur les connaissances des vallées, propres au Briançonnais, aux vallées du Queyras. Je me suis dit qu’il fallait que je structure ces connaissances et c’est ce qui m’a poussée à chercher une formation d’herboriste. Mon choix s’est porté sur l’ARH.

Stage gemmothérapie ARH 2014 à Annecy

ARH : Donc le parcours professionnel avant l’ARH, c’était vraiment un parcours d’accompagnatrice en montagne ?

Nathalie Ruiz-Sialve : Tout à fait. Je suis accompagnatrice en montagne et c’est toujours une partie de mon métier.

ARH : Avez-vous toujours vécu en Montagne ?

Nathalie Ruiz-Sialve : Non, je suis originaire de Nice, je suis née sur la Côte d’Azur. Quand on était petits, on ne nous laissait pas au bord de la mer, les grands-parents ou les tantes nous emmenaient plutôt dans le Mercantour, et on passait les mois d’été en montagne. J’ai donc une prédilection, un amour pour la montagne, bien plus que pour le bord de mer. Avant d’être accompagnatrice en montagne je travaillais dans le secteur de la banque, j’étais analyste financier, je faisais les bilans des entreprises dans le secteur bancaire.

« Il fallait absolument que la formation se fasse à distance, parce qu’étant accompagnatrice en montagne, je travaillais en saison, je n’avais pas de temps. »

Stage cuisine des plantes dans le Queyras, 2016

ARH : Que vous a apporté la formation de l’ARH de façon concrète, y a-t-il eu des surprises dans la formation, des choses que vous avez apprises et auxquelles vous ne vous attendiez pas ?

Nathalie Ruiz-Sialve : Pas du tout, car j’avais fait un gros travail de recherche sur les écoles possibles, afin de trouver celle qui m’apporterait exactement ce que je recherchais. Il fallait absolument que la formation se fasse à distance, parce qu’étant accompagnatrice en montagne, je travaillais en saison, je n’avais pas de temps. L’ARH correspondait donc parfaitement : on était complètement autonomes dans son travail, son apprentissage, l’envoi des dossiers, ça correspondait bien à ce que je recherchais et les programmes me convenaient parfaitement. Mon idée était de faire un travail d’approfondissement sur les plantes médicinales et sur l’herboristerie, avec en plus des connaissances en anatomie ou en pharmacognosie, cela rentrait donc bien dans ce que je voulais faire, et 2 ans c’était parfait. Je ne pouvais pas investir plus de temps sur la question.

ARH : Vous avez pu mettre en place des stages à la suite de la formation ARH, ou c’était déjà un peu avant ?

Nathalie Ruiz-Sialve : Je mettais déjà en place des stages de découverte des plantes avant la formation ARH, grâce à mon travail en autodidacte. Essentiellement sur les grandes thématiques : cuisine des plantes, usages traditionnels en thérapeutique, préparations de pommades… Une fois la formation de l’ARH validée, cela m’a donné une certaine légitimité dans mes formations, j’en ai fait beaucoup plus, et surtout j’ai été de plus en plus contactée par l’Office de tourisme de mon secteur. Différents intervenants me demandaient de faire des animations sur ces thèmes-là, et j’ai été sollicitée aussi pour faire des conférences sur les savoirs d’antan, agrémentés des savoirs actuels en herboristerie.

Cueillette des bourgeons de mélèzes pour les confitures

ARH : Votre site internet Azurmontagne.fr vous a-t-il aidée à déployer les activités ?

Nathalie Ruiz-Sialve : Mon site était antérieur et existait avant que je commence la formation ARH, mais après la formation il a été étoffé pour la partie « usage des plantes ». À la fin de la formation ARH j’ai eu envie d’aller plus loin, et j’ai fait une formation de naturopathe pour me diriger vers la thérapeutique propre et le soin. Le site internet s’est donc développé aussi dans cette direction, vers le conseil en hygiène et santé. L’idée est de faire en sorte que les gens conservent leur bon état de santé en utilisant les plantes de manière intelligente avec ce que la nature peut leur proposer. Donc mes stages sont de plus en plus orientés vers les plantes, mais avec un regard plus ouvert sur la qualité santé, et j’intègre aussi du yoga ou d’autres activités.

« Chaque fois que je fais un séjour autour des plantes, on va sur le terrain, on va chercher les plantes en montagne, ça fait partie de la formation autour des plantes. »

ARH : Vos activités sont nombreuses : des stages, des randonnées, des séjours courts ou longs, une activité de naturopathe, de l’enseignement à l’IFH, est-ce qu’une de vos activités prend le pas sur l’autre ?

Nathalie Ruiz-Sialve : C’est équilibré. Actuellement je travaille à peu près la moitié de mon temps en cabinet, où je reçois des gens pour des conseils en hygiène et santé, où on va travailler sur des plantes en thérapeutique pure, et l’autre moitié dans le cadre de l’accompagnement et de la formation autour des plantes. Chaque fois que je fais un séjour autour des plantes, on va sur le terrain, on va chercher les plantes en montagne, ça fait partie de la formation autour des plantes. Je ne fais plus beaucoup d’accompagnement pur, je préfère qu’il soit axé sur la connaissance du milieu.

Dépot des plantes au grenier pour séchage

ARH : Avec le recul, comment s’est passé cette création d’activités multiples ? Est-ce que cela a été compliqué ?

Cela s’est fait naturellement, j’ai la chance d’avoir un code d’activité INSEE intéressant : quand on est accompagnateur en montagne on est catalogué dans l’enseignement sportif, avec la même structure de profession libérale, je pouvais donc mettre sous mon activité le yoga, la découverte des plantes, la formation autour des plantes, les cours à l’IFH, et la naturopathie dans l’enseignement en hygiène et santé. Donc ça n’a pas été très compliqué d’étendre mes activités, cela s’est fait naturellement, puisque des gens m’ont demandé des interventions, et ça a fait boule de neige : les choses se sont mises en place toutes seules sans que je cherche particulièrement à accroître mon activité.

ARH : Que vous apporte d’enseigner à l’IFH ?

Le plaisir de transmettre ! C’est très enrichissant de voir tous ces jeunes ou moins jeunes qui suivent les formations, et qui pour la plupart, en font quelque chose de concret ! Ils se servent de ce que je leur ai appris, de ce que je leur ai montré, de ce que je leur ai donné envie de chercher et de créer par eux-mêmes, c’est valorisant et très plaisant, mon activité de formation est très enrichissante.

« Tout tourne autour du bien-être dans mes activités, même la marche simple en montagne. »

ARH : J’ai échangé avec plusieurs élèves qui ont croisé votre route lors de la formation ARH et la transmission de votre passion a effectivement bien fonctionné, car il y a eu un déclic chez eux par rapport à leur parcours professionnel.
Il y a une grande cohérence dans ce que vous proposez, est-ce que l’on peut dire que le bien-être est au cœur de votre démarche ?

Nathalie Ruiz-Sialve : Le bien-être c’est vraiment le cheval de bataille, le nerf de la guerre. Je reçois sans arrêt des gens qui ont des problématiques de santé en allopathie, quelque fois même de graves problèmes, et pour lesquels je n’interfère pas bien sûr dans leur traitement. Mais on va essayer d’améliorer le bien-être au-delà des symptômes, au-delà des maladies, d’aider les gens à être mieux et donc intégrer tout le domaine naturel : se promener dans la nature, voir des plantes, les utiliser, faire des respirations centrées avec le yoga. Tout tourne autour du bien-être dans mes activités, même la marche simple en montagne.

Stage gemmothérapie ARH 2015 Trièves

ARH : Pouvez-vous nous parler de vos ateliers ?

Pour mes ateliers cuisine ou cosmétique, l’idée est toujours de présenter tout ce que l’on peut faire autour des plantes, et d’aller ensemble chercher ces plantes, d’aller se promener, découvrir le milieu, faire de la reconnaissance de plantes et surtout ne pas se tromper. Ensuite les travailler parce que c’est lorsqu’on les ramasse, lorsqu’on les travaille, qu’on se les approprie complètement dans leur reconnaissance et dans leurs usages. Puis on fait des transformations relativement simples : dans les ateliers tous publics je ne peux pas pousser la formation aussi loin que lorsque je fais mes cours à l’IFH.

On fait donc des transformations faciles que les gens peuvent reproduire de manière autonome par la suite. Si on prend l’exemple de la cosmétique, on fabrique des petits baumes faciles, à visée thérapeutique douce, pour un rhume ou pour une douleur, ou simplement un baume de confort pour une peau sèche, et les gens comprennent qu’ils peuvent simplement utiliser des végétaux de proximité pour se faire des petits produits sains et complètement bios.

ARH : Est-ce que les plantes représentant un secteur porteur pour la création d’activités ?

Hélas oui ! (rires) Quand j’ai commencé à travailler autour des plantes de manière approfondie, en 2006, j’étais quasiment toute seule dans mon secteur dans mon département, il n’y avait que moi qui proposais des formations, et ce que je mettais en place était très original. Aujourd’hui il y a une personne toutes les 3 portes de village qui fait à peu près le même travail, c’est un secteur très porteur. En naturopathie ou en herboristerie, c’est très porteur parce qu’il y a un gros marché : le consommateur moyen est très demandeur. Il y a donc des dérives éventuelles qui risquent de se profiler, car dès qu’il y a un marché, il y a un but lucratif, et ce n’est plus le même regard passionné qui prévaut.

ARH : Pourriez-vous dire que depuis 10 ans, il y a eu un changement, une espèce d’engouement pour ces métiers autour des plantes ?

Absolument, il y a un énorme engouement, autant auprès des gens qui veulent se former pour avoir les connaissances et travailler dans ce secteur là, mais il existe également une demande importante du public. Avec les scandales autour du médicament ou de la malbouffe, les gens se tournent à nouveau vers le naturel, ils deviennent exigeants, et recherchent des petites formations pour être autonomes au quotidien dans la gestion familiale. On sait qu’il y a un gros marché client potentiel, que ce soit sur le bien-être, la relaxation, la sophrologie, les plantes.

« Vouloir obtenir une qualification RNCP pour les différentes écoles adhérentes va pouvoir donner une certaine légitimité à ces formations en attendant un éventuel retour de diplôme officiel. »

D’où l’importance d’avoir des professionnels sur le terrain, bien formés, non-charlatans, car sinon on risque de se retrouver dans la même configuration qui a fait que les herboristes ont perdu leur droit de fonctionner en 1941 ! Époque où, sous prétexte de sécuriser les soins, on a évincé les herboristes au profit de la médecine. On sait qu’on est sur le fil, il y a énormément de formations très courtes qui affleurent de partout, tout le monde s’installe formateur en 3 week-ends sur n’importe quelle thématique, c’est effrayant ! Il faudrait que rapidement les choses se cadrent bien au niveau législatif pour éviter les dérives. Si j’étais en entrée sur le métier, j’essaierais de bien me borner dans des qualifications avec sérieux, pour ne pas avoir un jour le retour de bâton.
C’est pour cela que la démarche de la Fédération Française des Écoles d’Herboristerie (FFEH) est intéressante à l’heure actuelle, car vouloir obtenir une qualification RNCP* pour les différentes écoles adhérentes va pouvoir donner une certaine légitimité à ces formations en attendant un éventuel retour de diplôme officiel.

Conférence pour le Parc National des Écrins 2012, plantes et fruits sauvages des montagnes

ARH : Avez-vous envie d’ajouter quelque chose, de parler d’un aspect de vos activités que l’on n’a pas évoqué ?

Il arrive que des élèves s’inscrivent à la formation ARH en ne sachant pas vraiment ce qu’ils recherchent, et quand les cours commencent, ils ne savent pas trop ce qu’ils vont en faire par la suite, et ils peuvent se mettre à douter. Mais il faut savoir que les portes s’ouvrent d’elles-mêmes lorsque l’on commence ce genre de formation. C’est important de terminer la formation, même si l’on n’arrive pas à imaginer « l’après formation » car c’est cette formation qui un jour va permettre d’ouvrir d’autres portes. Pour ma part mon parcours a été un petit peu ce cheminement de poupée russe, assez étonnant, qui a amené tout un engrenage de choses qui se sont mises en place. Donc voilà.

ARH : Merci beaucoup Nathalie.

*Répertoire National de la Certification Professionnelle.

Azur Montagne
Nathalie Ruiz-Sialve
Accompagnatrice en montagne
professeur de Natha Yoga
phyto-herboriste, naturopathe
thérapeute énergétique N.A.E.T/total RESET

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